Cinquante-deux médecins corses ont réalisé une action marquante ce samedi 4 mai en envoyant leur lettre signalant leur intention de se déconventionner à partir du mois d’octobre. Par ce geste, ces professionnels de santé ont lancé un ultime avertissement à l’Assurance maladie dans le but d’obtenir la reconnaissance de la spécificité « île montagne » de la Corse dans les accords conventionnels médicaux.
Réunis sous l’égide du collectif ML Corsica, 33 médecins exercant à Bastia et 19 à Porto-Vecchio, ce qui représente la moitié des professionnels pratiquant régulièrement dans ces deux localités, se sont rassemblés samedi 4 mai devant le bureau de poste central pour manifester leur intention de se désengager des conventions avec la Caisse nationale d’assurance maladie en envoyant une lettre de déconventionnement. Cette action marque leur insatisfaction face à la détérioration de leurs conditions de travail. Ils souhaitent ainsi dédier plus de temps à leurs patients. « Avec une rémunération de 26,50 euros par consultation imposée par la Sécurité sociale, une fois les frais fixes déduits, il nous reste à peine 8 euros. Cela nous oblige à augmenter le nombre de consultations et réduit le temps accordé à chaque patient. Traiter des cas complexes en 10 minutes est une aberration », exprime le Dr Antoine Dolovici, généraliste à Bastia, pointant du doigt les défis imposés par le système actuel. « Une telle situation représente une double peine; pour les médecins, c’est l’épuisement professionnel, et pour les patients, c’est la qualité des soins qui se dégrade, » ajoute-t-il en mentionnant son propre équilibre travail-vie personnelle précaire.
Ces professionnels de santé privilégient une amélioration du temps alloué à chaque patient et voient dans le déconventionnement une solution face à un système qui ne leur convient plus. « Nous sollicitons des ajustements similaires à ceux en vigueur dans les DOM-TOM, comme la revalorisation des actes ou un accès plus large au secteur 2, afin de refléter les spécificités de notre pratique sur l’île, » soutient le Dr Cyrille Brunel, porte-parole du groupe. « Notre but n’est pas de créer un secteur de santé déconventionné en Corse mais d’obtenir une convention adaptée à nos spécificités. » explique le Dr Brunel, soulignant la nécessité d’une reconnaissance des particularités insulaires.
Dr Hélène Max Trichard, également membre du collectif et basée à Bastia, affirme leur détermination à suivre cette voie si aucune réponse satisfaisante n’est formulée d’ici septembre, avec des implications directes pour les patients qui, dès le premier octobre, devront couvrir eux-mêmes les frais de consultation en l’absence de remboursement. « Nous espérons initier une dynamique de changement chez les praticiens libéraux urbains, » conclut le Dr Dolovici, avec l’espoir que cette démarche inspire des actions similaires sur le continent pour une évolution significative du système, en faveur des revendications des médecins.