« Présenté au festival de Cannes, ‘Le Royaume’ est une œuvre de fiction centrée sur la fuite d’un leader de clan corse accompagné de sa fille. Le film a été réalisé par le fils d’un célèbre ‘parrain’ corse, disparu en 2006, qui fut l’un des organisateurs de la French Connection. »
Julien Colonna, 42 ans, a partagé avec l’AFP les origines de son tout premier film, présenté dans la section Un certain regard, évoquant qu’il a débuté le projet il y a plus de six ans à l’annonce de la grossesse de sa femme. Il s’est interrogé sur le type de père qu’il deviendrait, tout en se remémorant son propre passé et celui de ses parents. Son père, Jean-Jérôme Colonna, surnommé « Jean-Jé », était reconnu comme un influent parrain en Corse par un rapport parlementaire de 1998. Décédé dans un accident de voiture en Corse-du-Sud en novembre 2006, il avait été impliqué dans l’organisation de la French Connection, une grande structure de trafic de drogue entre la France et les États-Unis, et condamné à 17 ans de prison en 1978 à Marseille, mais n’a jamais eu son procès en appel, les faits étant prescrits en 1985 après une cavale de 10 ans en Amérique latine.
Dans son œuvre, le personnage du père révèle à sa fille l’assassinat de son propre père en guise de vengeance, sans fierté ni honte, ayant vécu « 24 ans avec du sang sur les mains ». Julien Colonna raconte un souvenir précis de son enfance, en compagnie de son père et de ses amis, illustrant une vie sauvage en Corse, qui avait une signification plus profonde pour son père.
Le film, écrit avec Jeanne Herry (« Pupille », « Je verrai toujours vos visages »), mélange réalité connue des Corses et pure fiction, visant à explorer la relation entre un père et une fille en cavale. Ghjuvanna Benedetti, 22 ans, en formation d’aide-soignante, et Saveriu Santucci, guide de montagne et ex-recordman du gr20, incarnent les principaux personnages, choisis parmi des centaines via un casting en Corse. Colonna loue leur performance, en particulier celle de Benedetti qu’il a trouvé immédiatement convaincante.
Le réalisateur a souhaité représenter la fin imminente du monde criminel corse, en montrant des hommes hantés par leurs actes et dépassés par leurs vies. Affirmant que l’écriture et le cinéma sont ses seules compétences, Colonna clarifie que ce film, malgré ses racines personnelles, s’éloigne de la réalité. La sortie en salle du film est anticipée pour le 30 octobre.